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Grève des femmes* : assises nationales du 10 mars

Bienne, Maison du peuple 10 mars 2019 10 heures du matin. La salle est déjà presque pleine, des centaines de femmes encore dans les corridors, partout, partout ! et d’autres qui arrivent depuis la gare en cortège. Du français, de l’allemand, de l’italien, du portugais, de l’espagnol, du turc et encore bien d’autres langues. Des jeunes (beaucoup, beaucoup !) des plus vieilles ou très vielles, de toutes les couleurs ! une totale diversité. Et beaucoup de bruit ! Marie du collectif vaudois « quelle énergie, quelle créativité et je suis si contente qu’on soit ensemble !»

Voilà la première impression en arrivant aux assises de la grève des femmes*, de la grève féministe (what else !). 

Des échanges aussi : chaque collectif a la parole pour présenter ses activités : Genève, Nyon, Lausanne, Renens, Yverdon, Neuchâtel, Delémont, Bienne, Fribourg, Bâle, Zurich, Valais, Lucerne, Tessin, Jura, Berne, La Chaux-de-Fonds, etc. etc. les collectifs défilent sur le podium et partagent leurs expériences, leurs projets et les activités pour mobiliser la population féminine dans chaque recoin de la Suisse. La créativité est au premier plan : faire tu tapage, conférences, Stammtisch, réseaux dans les différents territoires, occupation dans les universités et les écoles, édition de calendrier, d’un journal 8 minutes, théâtre de rue, mobilisation des artistes, changement du nom des rues, présence régulière dans la rue, les actions de mobilisation sont légion. Se sont formés également des collectifs thématiques tels qu’un réseau féministe international ou des femmes migrantes. Christine de Neuchâtel « j’ai compté 24 lieux où il y a des collectifs, c’est génial, je n’avais aucune idée qu’il y en avait autant » 

Un appel à la grève a été lu dans les 3 langues du pays et aussi dans les principales langues de l’immigration puis adopté/ovationné (non sans en être encore amendé en dernière minute) par une assemblée de femmes poings levés, scandant grève, grève, grève féministe. 

En Suisse aussi, le 8 mars a été cette année une journée de mobilisation : les cortèges ont été bien plus fournis que les années précédentes, ce qui augure positivement de la mobilisation pour le 14 juin. Manon, Lausanne « vendredi la manifestation a réuni 5000 personnes, engagées, habillées flashy, scandant des slogans, toute cette énergie, un mouvement est en train de se créer ! »  

Mais aussi, l’appel à la grève est pris au sérieux, en particulier par la presse.  Peu de moqueries telles qu’on a pu les entendre en 1991. Les différents mouvements de femmes de ces dernières années ont donné crédibilité à leurs capacités de mobilisation et à mettre le doigt juste là où il faut. Michèle Genève « en juin 2018 c’était quelque chose d’abstrait, actuellement c’est devenu audible ! »

Les revendications des femmes contenues dans l’appel dépassent largement les questions de salaires et de conditions de travail, plutôt portées par les syndicats. Elles s’emparent des questions de sexualité, d’immigration, de racisme, d’homophobie, de santé et du climat. L’appel lancé lors de ces assises s’empare de tous les aspects de la vie des femmes et de toutes les femmes. Ce mouvement conteste le système économique actuel qui, dans beaucoup de domaines, s’est attaqué directement à leurs conditions de vie telles que les retraites, la protection sociale et les a appauvris. Elles expriment une conscience politique sans compromis que d’autres pourraient leur envier. 

Si cette journée a été chaleureuse, riche en rencontres et en discussions on peut sentir également de la colère. Les manifestations bruyantes lors de certaines interventions expriment, au-delà de l’aspect démonstratif, colère, force et détermination. Murielle « autant de personnes réunies donne de l’espoir et cela rassure et renforce !» Anna Bienne « il faut changer le système pour que tout ne soit plus porté par les femmes » 

Les femmes sont de retour.

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