La gazette de l’avenir – un journal de 2030 ! – nous montre ce à quoi pourrait ressembler la Bienne du futur : une ville calme, verdoyante et accueillante.
« Vous entendez ? C’est le chant de la tourterelle des bois, une espèce d’oiseaux qui avait pratiquement disparu en 2024. Grâce à l’immense travail effectué dans la cité ces dernières années, de nombreuses espèce végétales et animales menacées ont reconquis la ville ». Le témoignage de la cheffe du département de l’urbanisme de la ville de Bienne donne le sourire. Elle explique comment, en quelques années, la ville a opéré une transformation radicale des espaces fonciers en faveur du bien-être, ce qu’on appelle « apaisement urbain », dans le jargon.
« Nos objectifs étaient multiples, détaille la responsable de l’urbanisme de la ville: augmenter la sécurité des piéton·nes et des cyclistes, réduire les nuisances sonores liées au trafic, améliorer la qualité de l’air, réduire les émissions de gaz à effets de serre et autres polluants atmosphériques, reconquérir l’espace public accaparé par les TIM, augmenter la convivialité et l’attractivité du centre-ville et, aussi, relocaliser l’économie. Et tout ça en quelques année ! Vous n’imaginez pas le boulot. Mais le jeu en valait la chandelle. Regardez autour de vous ; c’est pas beau ? »
En effet, il fait bon vivre à Bienne. Les voitures ont totalement disparu du centre ville, qui fait la part belle aux piéton·nes. En dehors du quartier-centre, les cyclistes circulent sur de larges voies, séparées des bus qui quadrillent la ville. À pied, à vélo ou en transports publics, se déplacer en ville est rapide et facile.
« Nous nous sommes inspiré·es d’autres villes européennes qui ont franchi le pas avant nous, comme Pontevedra, en Espagne. En 2024, nous avons complètement repensé la mobilité en ville en inversant l’ordre de priorité de ses utilisateurs et utilisatrices, en considérant leur vulnérabilité et leur impact. En tête de liste sont les plus vulnérables : piéton·nes, enfants, personnes âgées et à mobilité réduite. Viennent ensuite les cyclistes, puis les transports publics, et enfin les voitures, qui, soi dit en passant, n’ont plus vraiment d’utilité dans le centre-ville. »
L’espace libéré par la voiture (on parle notamment de 52 000 places de parc extérieures à Bienne, soit une surface équivalente à 58 terrains de football !) a été en grande partie dé-bétonné et re-végétalisé. Dans cette « ville-forêt », la Suze a été scindée en plusieurs petits ruisseaux, bordés de végétation, qui s’écoulent à travers la ville. Martin-pêcheur, bergeronnette des ruisseaux et cincle plongeur pullulent le long de ces biotopes. Les étés les plus chauds, de nombreuses personnes se promènent les pieds dans l’eau, chaussures à la main, et les enfants s’émerveillent devant les poissons, les salamandres, grenouilles et autres espèces qui peuplent ces « trottoirs du GIEC », comme on les appelle ; une boutade en clin d’œil aux scientifiques qui nous annonçaient depuis des années les dangers du réchauffement climatique.
« Bienne est comme Amsterdam ou Copenhague, mais en mieux ! », taquine celle qui a dessiné les nouveaux plans de la ville. « Je me déplace tous les jours à vélo. Et si je me fais surprendre par la pluie, pas de problème : je suspends mon vélo à l’arrière d’un bus et je saute dedans. C’est tellement pratique ! »
Débarrassée de ses voitures et d’une bonne partie de ses surfaces bétonnées, la ville est devenue une oasis verte, adaptée au réchauffement climatique : les sols perméables absorbent les pluies torrentielles et les arbres offrent ombre et fraîcheur lors des étés caniculaires. Et, cerise sur le gâteau, la santé des habitant·es s’est nettement améliorée grâce à la mobilité active et la réduction de la pollution !
« Et dire que, en 2024, on pensait encore que « écologie » voulait dire mettre un moteur électrique dans un SUV ! Aujourd’hui, on cultive des légumes sur les anciennes places de parc. Ça, c’est le progrès ! », résume notre interlocutrice avant de s’élancer sur sa petite reine.
- 1TIM: transports individuels motorisés (n.d.r)
- Sources:https://www.biel-bienne.ch/fr/bases-de-planification.html/2625h
Texte:
Martin Gunn est un ex-cyclomessager et rêve d’une ville à la fois pratique, belle et accueillante, avec plus de verdure et moins de voitures…/à l’abri des calandres voraces des SUV.
Illustration:
© Ville de Bienne, mise à disposition