Non classifié(e)

EAU

Trois voyelles pour un seul son. Un mot bien difficile à lire lorsque j’étais enfant ! Pourquoi, me demandais-je quand j’avais six ans, ne pourrait-on simplement l’écrire en traçant le rond net d’un “o”, quatrième parmi les voyelles que j’apprenais à distinguer des consonnes ? Pourquoi ne pas lui accorder cette sobre élégance ? Puis j’appris PEAU, CHAPEAU, CHATEAU, GÂTEAU et PIPEAU, et m’habituais à accoler trois lettres pour former un son unique, puisque le français dédaigne les solutions simples. Ma langue maternelle, fluide comme l’eau claire, évidente et si familière à entendre et à dire, se transforme, sitôt écrite, en labyrinthe mystérieux aux règles multiples et contradictoires. Je me préparais dès lors à une vie déconcertante, et redoublais d’assiduité en classe, déterminée à maîtriser, avant toute autre chose, la lecture et l’écriture. Étranges, fascinantes, privilégiant les exceptions, elles m’évoquaient un langage secret réservé aux seuls initiés. Mes parents ne

Teilen:
Read more