Un petit retour en arrière et quelques pas en avant sur les 50 numéros de Vision 2035 et ses effets sur la ville.
Après 50 numéro, il est peut-être bon de se pencher sur la multitude d’articles, d’auteur.trices, d’idées, de projets, de dessins, de photos, qui font mémoire de Bienne et de ses chevaliers blancs, pourfendeurs de pétrole, de voitures et de pillages de la planète.
Les débuts
La première édition du journal date de 2010, il naît de l’idée et du rêve de quelques personnes. Conjointement, et dès 2010, d’autres projets citoyens se mettent en place à Bienne, s’articulant autour des questions environnementales et sociales, tels que l’agriculture contractuelle, la cantine mobile, la ville en transition, etc. Le journal se veut d’être un soutien et une caisse de résonance pour ces projets. Ainsi à ses débuts, il marche sur deux pieds, celui d’être une source d’information sur les projets et activités sociales et environnementales à Bienne et celui de les soutenir, ainsi les collectifs qui les portent. Les thématiques abordées dans le journal sont avant tout celles de l’alimentation et de l’agriculture, (Vision 2035 est un repaire de gourmand.es), de l’énergie, de la mobilité, de l’économie circulaire. Avec en plus un agenda bien fourni des manifestations organisées à Bienne.
Mais on ne peut pas faire vivre un journal à long terme avec ces seules perspectives. Et très vite les thématiques et les auteurs et autrices des articles se diversifient : on informe sur les projets environnementaux menés dans d’autres villes, à l’étranger, sur les mouvements sociaux, sur les questions de biodiversité ou de valeurs entre autres. Cette diversification est aussi due en partie à celle des auteur.trices des articles.
Le monde et la Suisse…
Pour comprendre l’évolution du journal, penchons-nous rapidement sur les événements principaux dans le monde et en Suisse, durant cette période. En 2011, c’est Fukushima, avec une énorme manifestation en Suisse contre l’énergie nucléaire, les « indignés » occupent les places dans de nombreuses villes européennes et américaines et expérimentent une autre manière de fonctionner ensemble, la jeunesse remet en question la concentration des richesses, les révolutions en Afrique du Nord prennent de l’ampleur, l’accord de Paris sur le climat en 2017 met au centre des réflexions la protection de la vie et Greta Thunberg apparaît…
En Suisse, en 2017 le pays décide de sortir du nucléaire, en 2018 les mouvements de jeunes pour le climat font irruption dans le panorama politique, en 2019 la grève des femmes met un demi-million de femmes dans la rue, le mouvement anti-raciste Black Lifes Matter s’organise, les questions de genre et LGBTQ+ prennent de l’ampleur. Les questions autour du climat sont enfin prises au sérieux par les autorités politiques. Début 2020, c’est la pandémie qui met un arrêt à cette ébullition.
2035 entreprend un tournant
Comment Vision 2035 répercute-t-il ces événements dans ses colonnes? D’abord en français et en allemand et ensuite en faisant souvent un pas de côté. En effet depuis 2016, chaque numéro du journal s’articule autour d’une thématique, celle-ci souvent en lien avec une certaine actualité. Cette thématique permet d’élargir la compréhension et l’approfondissement du sujet traité. Par exemple, autour du thème de l’habitat, on publie des articles sur les coopératives, leur histoire à Bienne, l’habitat assisté, la colocation, l’habitat de demain, la communauté d’habitation, etc. Ou sur le thème de l’eau, les sources à Bienne, la situation des glaciers, l’eau et la DDC ou Nestlé, l’eau au Brésil, la question des sols et de l’eau, les systèmes d’assainissement de l’eau à Bienne, et même les poissons. Ainsi, sans coller à l’actualité, le journal tente d’apporter des éléments de différenciation, d’ouvrir vers d’autres aspects, d’élargir les thèmes. Et ceci est possible grâce aux multiples auteur.trices et contributeur.trices qui se rassemblent autour du journal ou qui participent aux réunions élargies du comité de rédaction. Bienne est visiblement riche en spécialistes en tous genres.
Et la politique?
Dès 2016 environs, le journal devient aussi plus attentif à ce qui se passe dans les sphères institutionnelles, en particulier à Bienne et tente de rapporter sur la politique des autorités et de l’administration, avec des interviews de responsables politiques ou d’élus ou des prises de position sur les thèmes politiques. En outre et en parallèle, il met ses colonnes à disposition des opposants de projets tels que l’autoroute de contournement ou AggloLac, il se fait un clair défenseur des transports publics, contre le transport individuel motorisé.
Il est difficile de connaître la portée du journal sur la politique biennoise et le développement de la ville. Néanmoins, on peut constater que Vision 2035 est devenu le principal porte-parole de tous ceux et celles qui s’engagent pour une ville durable, inclusive, pour une politique écologique, pour la protection de la biodiversité… et pour le bonheur! Et il a certainement contribué à augmenter la sensibilité de la population à ces valeurs.
Et maintenant?
Et après 50 numéros, comment continuer ? Faut-il changer ? Quoi ? Et pourquoi? Et que garder absolument? Quels sont les enjeux actuels? C’est à ces questions que nous devons répondre dans les prochains mois.
Mais d’abord que garder et cultiver? De mon point de vue, le bilinguisme, la multiplicité des différentes personnes qui animent le journal, un thème par numéro, une orientation clairement environnementale, sociale et inclusive.
Et que changer? Étoffer le comité de rédaction, en particulier avec des francophones, augmenter les ressources financières et mettre en place des règles permettant un fonctionnement aussi durable que possible mais aussi souple que nécessaire pour la pérennité du journal. Et aussi affirmer davantage la ligne éditoriale du journal et sa place incontournable dans le paysage biennois et régional. Même au prix de controverses ou de polémiques!
Texte:
Claire Magnin, membre du comité de rédaction.
photo:
Karin Rudin Walker
Le comité de rédaction de gauche à droite: Janosch Szabo, Claire Magnin, Pascou Mülchi, Trice Wanner (caché) et Andreas Bachmann.