Devinette : quel est le point commun entre le groupe de hard rock AC/DC et notre Parlement fédéral ? Réponse : tous les deux nous emmènent allègrement sur leur autoroute vers l’enfer…
« I’m on the highway to hell » chante la voix éraillée de Bon Scott, tandis qu’Angus Young, en culotte courte et béret, sautille d’un côté à l’autre de la scène en grattant frénétiquement sa guitare.
Mais si la chanson du groupe australien qui chante l’ivresse de la liberté rebelle me donne envie de me trémousser sur leurs riffs endiablés, la politique de notre Parlement a tendance à me figer d’horreur. Bientôt dix ans que la Suisse s’est engagée, à Paris, à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 et v’là-t-i’ pas qu’on soumet au peuple suisse une proposition absurde : élargir des autoroutes ! C’est à se demander si la balance qui a servi à la pesée des intérêts est bien tarée. Ou si ce sont nos parlementaires qui le sont… D’un côté, les conditions de vie sur terre sont en péril à cause du réchauffement climatique et, de l’autre, des gens arrivent en retard au travail le matin parce que, je cite avec mon plus bel accent du Nord vaudois : « s’cusez moi, chef, ça bouchonnait monstre sur l’échangeur d’Écublens… »
Deux hypothèses : petit a) nos cher·es parlementaires sont à la merci des lobbies routiers (Quoi, la politique suisse corrompue ? Mais non, voyons, vous n’y pensez pas !) Ou alors, petit b) iels manquent cruellement d’imagination et d’espoir pour envisager un autre monde (remarquez au passage que ces deux options ne sont pas mutuellement exclusives…)
Et c’est là que vous intervenez, contributrices, lecteurs et illustratrices du journal Vision 2035, en montrant comment le changement est à l’œuvre en de nombreux endroits, en nous faisant rêver d’un monde joyeux, juste, résilient et durable. Parce que si nos dirigeants politiques pensent qu’il n’y a pas d’autre option que la fuite en avant ou le retour en arrière, il faut leur proposer une troisième voie (mais pas une troisième voie d’autoroute, hein !)
Selon Joanna Macy, militante écologiste et spécialiste de l’écologie profonde et de l’écopsychologie, le Grand changement de cap (Great turning) dont le monde a tant besoin s’appuie entre autres sur le développement des alternatives au système thermo-industriel à l’œuvre. Et Bienne ne manque pas d’exemples de manières plus durables de s’alimenter, se vêtir, se nourrir, comme le relate votre journal depuis 14 ans.
Cyril Dion, de son côté, nous dit dans sa « Lutte enchantée », une chronique sur France Inter, qu’il nous faut « faire l’expérience du changement », savourer le plaisir d’un air pur, d’une nourriture saine et savoureuse, de déplacements à pied ou à vélo dans des villes apaisées, pour avoir envie d’abandonner nos habitudes et notre confort destructeurs. En tant que porte-voix de la Transition, le journal Vision 2035 rend justement visible les bourgeons prometteurs du monde à venir, nous permet de découvrir, de sentir et goûter, près de chez nous, les prémisses d’un monde post-croissance.
Enfin, Richard Buckminster Fuller, architecte et inventeur américain, disait qu’on ne change pas les choses en luttant contre la réalité existante, mais en construisant un nouveau modèle qui rend l’existant obsolète.
Et vous, comme des milliers de Suissesses et Suisses qui se mobilisent, vous qui imaginez, construisez et racontez un monde meilleur, vous avez certainement contribué à contredire le Parlement et incité le peuple souverain à refuser l’élargissement des autoroutes. Je vous le disais, lire et contribuer au journal Vision 2035, c’est déjà faire la révolution.
Texte et illustration:
Martin Gunn dit parfois en riant que « la musique, c’était mieux avant » (et donc il écoute AC/DC). Mais pour le reste, il espère que « ça sera mieux après ». Après, quoi ? La révolution ? Oui. Et elle a déjà commencé…