Nous contribuons touxtes à reproduire les discriminations

Oui, c’est désagréable à entendre. Et pourtant, la discrimination est un système que nous contribuons touxtes à perpétuer, souvent sans vraiment en avoir conscience. Pour changer cela, ce sont nos paroles et nos actes au quotidien que nous devons interroger ainsi que nos structures. L’association biennoise mosaïk développe cet esprit d’analyse chez les enfants, les jeunes et les personnes qui les entourent. Elle contribue ainsi à créer un environnement dans lequel chaque individu pourra vivre dans le respect de tout ce qui compose sa personne.

Les inégalités et discriminations sont rarement de grands coups d’éclats mais plutôt de type structurel, subies de façon sournoise dans les interactions quotidiennes. Profondément ancrés et souvent inconscients, les comportements, images et perspectives discriminatoires trouvent leurs fondements dans l’éducation que nous avons reçue à la maison et à l’école.

Les manuels et programmes scolaires suisses ainsi que la grande majorité des livres, films, jeux vidéo pour la jeunesse invisibilisent les femmes*, les personnes LGBTQIA+, les personnes racisées, les minorités religieuses et les personnes avec handicap. Et si elles sont visibles, c’est souvent de manière stéréotypée. Des règles grammaticales comme « le masculin l’emporte sur le féminin », des jeux du type « trier les élèves par couleur de peau – du·de la plus blanc·he·x à la plus noir·e·x », la peur et les nombreuses remarques intrusives des enseignant·e·x·s lorsque des jeunes filles décident de mettre le foulard, des injures entre élèves comme « sale pédé » parsèment encore le quotidien des enfants biennois. Quant au harcèlement, phénomène en hausse en milieu scolaire (et qui se poursuit sur les réseaux sociaux), il est la majorité du temps basé sur une non-appartenance à certaines « normes ».

Un monde où chacun·e·x aurait sa place

Le préambule de la Constitution fédérale est très clair : « (…) la force de la communauté se mesure au bien-être du plus faible de ses membres (…) ». Mais qu’entend-on par « membre de la communauté » ? Sommes-nous capables d’admettre que toute personne présente physiquement en Suisse fait partie de la communauté – et ceci quelle que soit son origine, sa couleur de peau, sa religion, son état physique ou mental, son sexe, son genre, son orientation sexuelle, son appartenance sociale ou son pouvoir d’achat ?

Les membres de mosaïk partent non seulement du principe que tousxtes en font partie mais aussi que touxstes ont la même valeur et devraient pouvoir y trouver leur place. Dans la communauté suisse, personne ne devrait avoir à souffrir de discriminations découlant de normes dominantes trop peu questionnées. C’est pourquoi mosaïk a créé pour les enfants, les jeunes et les personnes qui les entourent des interventions ayant pour objectif de lutter contre les discriminations.

Identifier et comprendre pour pouvoir modifier et lutter

mosaïk ne cherche pas à accuser certaines personnes ou en victimiser d’autres mais à mettre à jour des mécanismes sociaux qui portent préjudice à tout le monde. Son but est d’enseigner aux enfants et aux adultes qui les entourent à identifier les discriminations et comprendre les conséquences qu’elles ont sur les personnes qui les subissent. Elle leur apprend aussi à adopter des comportements inclusifs au quotidien et comment s’opposer activement aux comportements discriminatoires qu’ils soient subis par soi-même ou par d’autres (courage civil).

Les thèmes abordés sont le sexisme et la déconstruction des stéréotypes de genre – les discriminations en raison de l’orientation sexuelle et de l’identité de genre (thématiques LGBTQIA+) – le racisme, soit les discriminations basées sur la « race », la couleur de peau, l’origine et l’ethnie – les discriminations fondées sur l’appartenance religieuse – la question du handicap et des discriminations y relatives.

Les interventions, qu’elles soient pour les enfants, les jeunes ou les adultes, sont conçues comme un moment ludique et d’échange où chaque personne a son mot à dire. Pour les classes, elles se présentent sous forme de modules de 2 à 4 périodes qui peuvent être choisis à la carte par sujet, selon les besoins spécifiques du moment de l’enseignant·x·e. Elles sont données en français, en allemand ou en mode bilingue.

La parole aux personnes concernées

Afin d’assurer une grande qualité et légitimité dans les contenus transmis, les interventions de mosaïk sont créées et données par des personnes concernées par les discriminations en question. Issues des associations CABBAK (Collectif Afroféministe Biel Bienne Afrofeministisches Kollektiv), QueerBienne, Procap, Tasamouh et du Collectif de la grève féministe, iels sont également expertes dans ces domaines ainsi que dans celui de l’enseignement pour enfants et adultes.

Touxtes les membres de mosaïk sont solidaires avec l’ensemble des thématiques que défend l’association. L’approche est intersectionnelle et permet ainsi de mettre en lumière la problématique de la discrimination multiple ainsi que du fonctionnement d’un système plus large qui maintient et nourrit les comportements discriminatoires.

De la théorie à la pratique

Les mouvements citoyens tels que la Grève féministe, Black Lives Matter ou les Prides sont l’expression d’un profond ras-le-bol des inégalités et des discriminations et d’une réelle volonté de changement qui se fait sentir partout en Suisse et dans le monde.

Les discriminations font toutes partie d’un même système. Un système dans lequel nous sommes socialisé·x·e·s pour maintenir les privilèges de certains groupes sur d’autres. Même si cette réalité est de plus en plus questionnée, tant par les milieux académiques, économiques que politiques, il manque à ce jour une mise en pratique quotidienne de la non-discrimination pour que le changement opère. C’est pourquoi mosaïk propose maintenant de passer de la théorie à la pratique.