Société

Ma satisfaction de la semaine

(Deutsch unten)

L’autre jour, j’étais à la Migros… (Quoi ? Martin !? Au supermarché !? Sacrilège ! Trahison ! Et les petits commerces de proximité, alors ? Et quid de l’artisanat local ? Du marché bio ? Les méprises-tu, suppôt de Satan ?) …J’étais donc à la Migros, disais-je (pour y recycler mes ampoules usagées, alors on se calme !) et j’ai remarqué quelque chose d’intéressant : il y avait la file aux caisses – cinq à six chaland·es à chaque fois… mais aux caisses automatiques, personne ! Une sorte de boycott spontané, non organisé, qui m’a fait sourire de satisfaction.

Mais, me direz-vous, comment un ingénieur en microtechnique avec un Master en robotique peut-il se réjouir de cette situation ? Les automates sont géniaux, non ? Ils nous permettent de payer plus vite, ne sont jamais malades, ne partent pas en vacances ni à la retraite, et coûtent donc moins cher… Tiens, justement, ils coûtent moins cher. En plus, c’est à la clientèle de faire gratuitement le travail. Mais alors, pourquoi les produits ne sont-ils pas meilleur marché ? Ou les employé·es mieux payé·es ? À qui donc profitent toutes ces économies…?

La réponse étant aussi rageante qu’évidente, je m’amusais à observer l’air ébahi des employé·es et les regards presque gênés des client·es qui attendaient innocemment leur tour à côté des deux rangées de caisses automatiques abandonnées.

Ce petit boycott informel contre les caisses en libre-service avait le goût savoureux d’un mini putsch contre la déshumanisation, la beauté candide de l’insurrection quasi accidentelle contre la robotisation, et la chaleur grisante de la dissidence naissante.

DE:

Mein Moment der Zufriedenheit der Woche

Neulich war ich in der Migros … (Was? Martin!!! Im Supermarkt!? Sakrileg!!! Verrat! Was ist mit den kleinen, lokalen Geschäften? Und was ist mit dem lokalen Handwerk? Der Biomarkt? Ich war also in der Migros (um meine gebrauchten Glühbirnen zu recyceln, also beruhigen wir uns!) und bemerkte etwas Interessantes: An den Kassen bildeten sich Schlangen – jeweils fünf bis sechs Einkäufer*innen … aber an den automatischen Kassen war niemand zu sehen. Eine Art spontaner, unorganisierter Boykott, der mich zufrieden lächeln liess.

Aber, werden Sie sagen, wie kann ein Mikrotechnik-Ingenieur mit einem Master in Robotik sich über diese Situation freuen? Automaten sind doch toll, oder? Sie lassen uns schneller bezahlen, werden nie krank, gehen nicht in den Urlaub oder in Rente und kosten daher weniger… Nanu, eben, sie kosten weniger. Ausserdem müssen die Kunden die Arbeit umsonst machen. Aber warum sind die Produkte dann nicht billiger? Oder die Angestellten besser bezahlt? Wer profitiert von all diesen Einsparungen?

Da die Antwort so klar und offensichtlich war, machte ich mir einen Spass daraus, die verblüfften Gesichter der Angestellten und die fast schon verlegenen Blicke der Kunden zu beobachten, die unschuldig neben den zwei Reihen verlassener Kassenautomaten warteten, bis sie an der Reihe waren.

Dieser kleine informelle Boykott gegen die Selbstbedienungskassen hatte den köstlichen Geschmack eines Mini-Putsches gegen die Entmenschlichung, die kindliche Schönheit eines fast zufälligen Aufstandes gegen die Roboterisierung und die berauschende Wärme einer aufkeimenden Widerstandsbewegung.

Texte :
Martin Gunn est ingénieur en micro-technique et employé du Réseau Transition. Lorsqu’il a débuté ses études en robotique à l’EPFL, il était persuadé que les nouvelles technologies sauveraient la Planète. Mais ça, c’était avant…
(image : Notre équipe – Réseau Transition Suisse Romande (reseautransition.ch)

Illustration :
Andreas Bachmann

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