Première femme verte élue à l’exécutif biennois, première femme restée 12 ans dans le costume, Barbara Schwickert a marqué la politique environnementale de Bienne. Quel bilan tire-t-elle de son action ?
Question : tu es restée 12 ans au Conseil municipal. Quels ont été, pour toi, tes réalisations les plus importantes ?
Barbara Schwickert : d’abord la stratégie climatique et son règlement. Nous avons maintenant un cadre qui est aussi un défi pour le futur. Pendant ces 12 ans, d’énormes changements ont eu lieu. A mon arrivée, la question de l’énergie sortait à peine du moyen-âge. La sortie de ESB du nucléaire, ce qui était quelque chose de très important pour moi, car jeune j’étais engagée contre le nucléaire, la stratégie de la chaleur, sortir du gaz naturel, toutes ces décisions ont préparé la stratégie climatique actuelle. Nous avons investi beaucoup d’argent et il est clair que j’ai pu influencer cette orientation. Un autre projet important pour moi a été le Parc de la Suze. C’était un grand projet qui réunit différents aspects qui me sont chers : le vélo, les piétons, réunir le centre-ville, Mâche, Boujean et la Champage, C’est un projet phare pour la biodiversité, la renaturation de la Suze, qui était enfermée dans un corset. Les poissons sont à nouveau là et nous avons pu développer de petits projets, des prairies pour les papillons, les abeilles, etc.
Question : et quels sont les projets que tu n’as pas pu mener à bien ?
Barbara Schwickert : la Place du Marché Neuf est le projet que je n’ai pas pu mener à bien. Cette place est actuellement « moche ». Mais il sera possible de réfléchir à un autre projet dans les années à venir. Certaines réalisations prennent beaucoup de temps. S’ajoute le prix et nous n’avons pas toujours l’argent. Il y a des oppositions ce qui rallonge encore les délais. Il faut aussi avoir des petits projets, qui peuvent être réalisés assez rapidement comme dernièrement les livres libre-service dans le parc de la ville et réalisé avec les habitants. Il faut se rendre compte que pour les grands projets, la Ville c’est comme piloter un transatlantique. On pense aujourd’hui autrement qu’il y a 12 ans.
Questions : et quels sont les projets qui ne sont pas terminés, mais que voudrais voir terminés par ton ou ta successeur/euse ?
Barbara Schwickert : mettre en œuvre la stratégie climatique, c’est primordial. A l’avenir il faudra que le Conseil de Ville approuve les mesures concrètes qui lui seront présentées, telles que la suppression des places de parc ou des rénovations plus onéreuses des écoles, etc. Et surtout poursuivre les projets de chaleur à distance. ESB devra beaucoup investir et il faut lui donner cette possibilité.
Question : tu as été la première femme verte au conseil municipal, comment as-tu vécu cette première, quelles ont été les difficultés, mais aussi les avantages ?
Barbara Schwickert : j’étais il est vrai la première femme verte, mais seulement la 3ème femme. Et j’ai été en fonction pendant une plus longue période, par rapport aux deux autres conseillères municipales. Après les premiers 4 ans de fonction, Silvia Steidle est arrivée, nous étions deux femmes et c’était bien de n’être plus la seule femme. Être la seule femme est un peu étrange, comme être le ou la seul.e romand.e, je m’imagine. Mais je dois dire que dès le début j’ai été bien acceptée au Conseil municipal mais aussi dans ma Direction, d’abord à la sécurité puis aux travaux publics, où il y a beaucoup plus d’hommes que de femmes. Mais il y a toujours eu du respect et j’ai pu travailler. Cela dépend aussi de la manière dont on dirige le département. Je n’ai jamais eu peur, j’ai ma place indépendamment d’être une femme ou un homme, je suis la directrice et c’est ma place. Je me suis sentie à l’aise et recevoir des retours positifs le permet aussi. J’ai toujours été prise au sérieux, j’avais aussi des partenaires en face de moi.
Pour Bienne, c’est aussi un défi d’avoir ces différentes composantes représentées au Conseil municipal. Les Verts durant ces 12 ans ont pris de l’importance. Et c’est pour moi important qu’ils y soient représentés. Et il y a aussi à Bienne le double défi des langues et des sexes. Ainsi il est important de rester à 5 conseillers municipaux, car cela permet de mieux équilibrer les différentes composantes.
Foto: « Une réalisation importante : le Parc de la Suze ». © Andreas Bachmann