Virginie Dousse, fondatrice de « l’école de demain », a répondu à quelques questions. Elle souhaite, entre autres, un modèle pédagogique inclusif qui permette à chaque enfant d’apprendre mais aussi une école qui sensibilise les prochaines générations à l’environnement et à la protection de la planète sur laquelle elles grandissent.
Vous souhaitez une « école de demain ». Que reprochez-vous à l’école obligatoire conventionnelle d’aujourd’hui ?
Sans vouloir faire le procès à l’école conventionnelle, je dirais que cette dernière propose peu d’alternatives pédagogiques par rapport à la diversité des enfants d’aujourd’hui. Ceci pour diverses raisons comme les budgets parfois restreints, la motivation, l’ouverture d’esprit, la lenteur administrative et j’en passe. Pour certains élèves, le modèle conventionnel convient très bien, et c’est tant mieux, mais pour d’autres, ce n’est pas le cas. De plus en plus d’enfants ont besoin de bouger, de trouver du sens dans ce qu’ils apprennent, d’être dehors, proches de la nature. Les 4 murs des classes conventionnelles, l’enseignement rigide parfois, la compétition et le manque de temps pris pour développer les savoir-être au sein de l’école publique peuvent effectivement poser de réels problèmes à certains enfants.
Dans les statuts de l’association, nous pouvons lire dans l’article 2 que vous souhaitez « promouvoir l’écologie et les richesses de la nature en respectant cette dernière ». Pouvez-vous développer cet élément ? De quelle manière souhaitez-vous rendre les enfants sensibles à l’écologie et à la protection de l’environnement ?
Aujourd’hui nous ressentons très fortement les effets néfastes sur notre planète dus à notre mode de vie et de consommation. C’est pourquoi, les contenus de nos programmes seront basés sur des apprentissages qui donnent d’abord du sens, car ils seront utiles au quotidien pour les enfants. Par exemple, nous n’apprendrons pas les noms des fruits et légumes dans des cahiers mais nous irons tous les jeudis au jardin. Nous n’apprendrons pas le nom des arbres et des plantes de notre région dans des livres, mais en allant en forêt. Nous prendrons le temps d’apprendre aux enfants des valeurs essentielles comme le respect de la nature et des animaux, pourquoi il est important de consommer local et de saison, pourquoi il faut se déplacer en transports publics et nous le mettrons en pratique en nous rendant au marché les mercredis matin pour acheter nos fruits et légumes pour nos quatre heures. Nous aurons des animaux dans les locaux pour créer des liens avec ceux-ci et réaliser qu’il faut ainsi les respecter. Nous cuisinerons les vendredis à midi des plats parfois élaborés avec des ingrédients ramassés en forêt ou dans notre jardin pour ainsi découvrir concrètement tous ce que la nature peut nous offrir.
Au niveau du concept de l’école, vous dites avoir envie de faire de l’école de demain une « école de la vie » en utilisant, entre autres, des philosophies pédagogiques comme celles de Montessori ou Steiner. En quoi êtes-vous différents de l’école Steiner, par exemple ?
La différence entre les autres écoles et la nôtre, c’est que nous n’utiliserons pas qu’une seule méthode, mais différentes méthodes. Toutes les découvertes pédagogiques devraient se compléter et être proposées pour que chaque enfant y trouve son compte. Il n’y a pas qu’un chemin pour apprendre, tout comme il n’y a pas un seul enfant qui apprenne de manière identique… Puis les langues sont pour nous essentielles. Alors dès le plus jeune âge, les enfants auront la possibilité d’apprendre le français, l’allemand et l’anglais.
Vous dites également que pour des raisons écologiques et de sensibilisation à la société de consommation, l’uniforme sera de mise. L’uniforme est parfois très controversé, peut-être aussi considéré comme « vieux jeux », que direz-vous aux personnes sceptiques ?
J’ai fait mon travail de fin d’étude à la HEP sur ce sujet. Dans bien des domaines on porte une tenue de travail, dans les sports d’équipe, on porte un maillot pour renforcer le sentiment d’appartenance, dans beaucoup de familles, le matin c’est le combat pour habiller leur enfant, les influenceurs sur Instagram et à la télévision incitent à porter des habits de marque qui mettent la pression sur le porte-monnaie des familles les plus démunies…Tout ceci sans compter avec la surconsommation d’habits que les dictats de la mode imposent aux jeunes… Alors réduire la garde-robe des enfants pendant la semaine à 3 T-shirts en été et 3 sweat-shirts en hiver avec un logo de l’école, m’a réellement semblé résoudre bien des problèmes et apporte finalement un fort sentiment d’appartenance et de cohésion au groupe, sans pour autant vouloir gommer les personnalités des enfants bien évidemment.
Que dites-vous pour inciter les parents à réfléchir à la manière dont ils aimeraient que leurs enfants accèdent à l’éducation ?
Et bien, il me semble aujourd’hui fondamentale que les parents saisissent l’essentiel. A mon sens, ce qui est prioritaire pour l’éducation d’un enfant, c’est qu’il soit enthousiaste à apprendre, comme le dit si bien André Stern, mais surtout que l’enfant soit respecté dans son essence même. Qu’il puisse devenir ce qu’il souhaite être plus tard et non devenir une projection des envies de leurs parents ou de ce que la société a besoin. Que chaque parent, éducateur, enseignant, soit là pour proposer des chemins et outils variés, mais c’est à l’enfant de choisir finalement ce qui lui conviendra le mieux pour tout simplement être heureux !
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Myriam Roth est infirmière HES, conseillère de ville pour Les Verts à Bienne et co-présidente de l’association suisse pour la protection du climat (qui porte l’initiative pour les glaciers). Elle a 28 ans et c’engage au quotidien pour plus de prise de conscience du réchauffement climatique et ne évolution des mentalités et des modes des vie, pour aller vers un changement de système.